Efficacité du Système Alimentaire des Éleveurs SCEBOG et Impact Économique de la Complémentation

Article écrit par Daly CHERIF – Ingénieur d’élevage SCEBOG)

La SCEBOG, en collaboration avec Francis FARDOUET, animateur technico-économique nutrition ruminant à TERRENA, a mené une tournée d’évaluation chez plusieurs éleveurs.

L’objectif était d’analyser l’efficacité de leurs systèmes alimentaires et d’évaluer la pertinence économique de la complémentation en aliments et minéraux pour une meilleure croissance et rentabilité des élevages bovins. Cet article synthétise les résultats et propose des recommandations basées sur les données collectées au cours de la mission et au travers des suivis réguliers réalisés par l’ingénieur d’élevage chez plusieurs élevages tout au long des campagnes passées.

Echanges avec les éleveurs SCEBOG autour de la nutrition de leur troupeau et de leurs résultats de croissance (GMQ)

Situation moyenne du cheptel des éleveurs SCEBOG

Au 31 décembre 2023, les données des inventaires des éleveurs de la SCEBOG permettent de ressortir les caractéristiques moyennes suivantes :

  • Vaches présentes : 3 348
  • Génisses > 45 mois n’ayant jamais vêlé : 879
  • Naissances 2023 : 1 706  (hors mort-nés)
  • Taux de vêlage : 44%
  • Intervalle Vêlage-Vêlage (IVV) : 551 jours
  • Taux de mortalité 0-1 an : 8,1%
  • Abattages 2023 :
CatégorieEffectif abattuAge moyen à l’abattagePoids carcasse moyen
Bœuf48834225
Génisse16733201
Jeune Bovin11820248
Taureau14103409
Taurillon1037222
Vache46895220
Total ou moyenne1 26555224

Ces données posent des questions de renouvellement du cheptel et de capacité à augmenter le nombre d’animaux disponibles pour la vente.

Impacts économiques de la complémentation :

L’alimentation d’un ruminant doit permettre de couvrir ses besoins journaliers en fonction de son âge. Les simulations réalisées ont donc considérées un apport en fourrages sur pied ou en foin de base avec un rendement de matière sèche hectare de 4 à 5 T et une richesse moyenne de ses fourrages (45 jours, base kikuyu).

L’objectif a été de représenter la diversité des élevages guyanais en faisant le taux de vêlage (45, 65 et 80%) et les GMQ de 400 g à 1000 g en fonction de la complémentation apportée.

Les simulations montrent qu’améliorer le taux de vêlage et les conditions alimentaires des animaux permet d’augmenter significativement le nombre d’animaux par hectare, réduisant ainsi le besoin en vaches tout en optimisant l’utilisation des surfaces et en améliorant la marge sur coût alimentaire. 

Le tableau ci-après présente les résultats de ces simulations technico-économiques :

  • Scénario de base : 66 ha à 5 t MS pour 50 vaches à 45% de taux de vêlage et 400 g de GMQ sans complémentation (minéraux aux phases clés uniquement)
  • Variations de ce scénario selon les hypothèses précédentes (45 à 80% pour le taux de vêlage et 400 g à 1000 g pour le GMQ) en faisant varier l’effectif des vaches et des autres animaux présents par rapport à la capacité des surfaces et les quantités d’aliments et de minéraux distribués pour atteindre ces résultats en couvrant les besoins journaliers des animaux.
 Taux de reproductionEcart de marge% ° de marge
GMQ (g/j)45%65%85%
400 49 000 € (50 VA*)59 400 € (47 VA)64 300 € (43 VA)15 300 €31%
600 54 500 € (52 VA)66 200 € (49 VA)70 200 € (47 VA)15 700 €29%
800 56 700 € (55 VA)69 200 € (52 VA)75 800 € (50 VA)19 100 €34%
1000 63 300 € (57 VA)80 100 € (55 VA)89 400 € (53 VA)26 100 €41%
Ecart de marge max14 300 €20 700 €25 100 €  
% ° de marge29%35%39%  
*VA : vache allaitante
En moutarde, scénario de base
En vert, scénario objectifs pour le conseil SCEBOG

Passer de 45 à 65% de taux de vêlage doit pouvoir se réaliser en respectant les recommandations de base de la conduite d’un élevage allaitant et en apportant une complémentation minérale adaptée aux phases clés aux reproductrices. Le suivi d’élevage est assuré (échographies, enregistrements, allotements, corral fonctionnel…). Atteindre les 85% nécessitent également de complémenter les vaches aux phases clés : avant mise à la reproduction, avant mises bas et démarrage de lactation.

Passer d’un GMQ de 400 g à 600 ou 800 g nécessitent de mettre en place une complémentation des animaux d’engraissement 4 à 5 fois par semaine selon le poids et l’âge et en fonction de la richesse des pâturages (conditions pédoclimatiques).

Passer du scénario de base à 65% de taux de vêlage et 800g de GMQ permet de dégager une marge sur coût alimentaire supplémentaire de 20 200 € par an pour 52 vaches au lieu de 50 et toujours sur 66 ha à 5 t de MS.

Complémenter les animaux de façon raisonnée et intelligente est donc une nécessité pour pouvoir dégager une marge suffisante.

Croissance des Veaux :

Les données présentées dans cette partie sont issues des pesées réalisées sur toute l’année 2023 dans plusieurs élevages SCEBOG.

Le constat général est que les veaux sous la mère montrent des GMQ intéressants (600 à 900 g/jour) quel que soit l’élevage. Cependant, après le sevrage, ce GMQ chute temporairement à environ 200 à 400 g/jour avant de remonter selon la disponibilité des pâturages et de la complémentation.

Evolution GMQ Elevage 1
Evolution GMQ Elevage 2
Evolution GMQ Elevage 3

Les sevrons subissent le stress du sevrage et du changement de régime alimentaire dans tous les élevages de façon plus ou moins marquée. Ceci se traduit par une chute de GMQ (voire même annulation sur certains élevages). Les animaux mettent entre 3 et 4 mois pour retrouver leurs rythmes de croissance normale. Ce délai correspond au temps nécessaire au développement des papilles du Rumen.

Développement du Rumen des veaux, une nécessité :

La complémentation avec des amidons favorise le développement des papilles du rumen, crucial pour une digestion efficace post-sevrage. Les veaux bénéficiant d’une complémentation adéquate 3 mois avant le sevrage montrent de meilleures performances de croissance et moins de problèmes digestifs.

Développement du rumen des veaux en fonction du régime alimentaire
Impacts d’un rumen immature : différence de valorisation des aliments

La complémentation doit être réalisé avec de l’aliment et non avec du son de riz pour profiter de la richesse des aliments en amidon et éviter le problème de teneur élevée en matière grasse du son de riz qui est mal digéré par les jeunes veaux

Nous préconisons de mettre en place des nourrisseurs pour les veaux tout en étant raisonnable sur les quantités distribuées. Cette action permet de valoriser l’aliment dès sevrage et doit permettre de limiter-annuler la perte de GMQ observée dans tous les élevages.

Stress thermique, apport en minéraux et complémentation des mères :

La gestion du stress thermique et l’apport d’aliments et de minéraux spécifiques avant la mise bas et la reproduction peuvent améliorer la santé des reproductrices et la qualité du colostrum, essentiel pour la survie et la croissance des veaux.

Plus l’alimentation des vaches est équilibrée, moins vous avez de risques de mortalité des veaux. Le graphique ci après montre cette corrélation :

 Besoins par jourInfluence sur la qualité du colostrumVêlage, délivrance, prévention des métrites
Energie6 à 8 UFLXXXXXX
Protéines600 à 800 g PDIXXXXXX
Calcium70 gXXXX
Phosphore40 gX 
Magnésium30 gXXXX
Sel30 à 40 gXX
Cuivre120 à 240 mgXXXX
Zinc800 à 1200 mgXXXX
Manganèse800 à 900 mgX 
Iode6 à 12 mgXXXX
Cobalt1,5 à 3 mgX 
Sélénium1,5 à 2,5 mgXXXXXX
Vitamine A50 à 100 000 UIXXXXX
Vitamine D310 à 12 000 UIXX 
Vitamine E80 à 100 mgXXX 
Tableau de synthèse des besoins quotidiens d’une vache et influence sur le colostrum et les troubles de reproduction

Il est donc recommandé de :

  • Travailler sur la qualité et la quantité des fourrages stockés et sur pied pour assurer une alimentation constante et de qualité tout au long de l’année.
  • Utiliser des minéraux adaptés pour les périodes critiques telles que la mise bas et la reproduction.

Il faut également retenir que :

  • Une sous-alimentation des mères réduit la production de lait
  • 1 litres de lait par jour = 100 gr de GMQ pour le veau
  • Pas d’excès d’énergie sans protéine car Plus de TB sur le lait et risque de diarrhée du veau
  • Couvrir les besoins minéraux et Oligo-vitamine pour préparer les vaches à la repro
  • LES VACHES EN BON ETAT au vêlage reviennent plus vite en chaleur
  • Les vaches en REPRISE DE POIDS sont cyclées plus tôt
  • Les PRIMPIPARES C’EST + 1kg d’ALIMENT
  • Le niveau de protéine doit être rapidement couvert pour déclencher les productions hormonales

L’amélioration des pratiques alimentaires et la mise en place de systèmes de complémentation adaptés peuvent significativement améliorer la croissance des animaux et la rentabilité des exploitations. La mise en œuvre de ces recommandations devrait permettre aux éleveurs de maximiser leur production tout en assurant la santé et le bien-être de leurs animaux.

Pour plus de détails et d’illustrations, vous pouvez contacter le technicien bovin de la SCEBOG, Daly CHERIF (06 94 13 32 02)

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