Le confort thermique en élevage porcin

Le respect de la zone de confort thermique est primordial en élevage porcin. Cette plage de températures est définie par un minimum et un maximum entre lesquels l’animal ne dépense pas d’énergie inutilement pour maintenir sa température. Cette plage varie selon l’âge, le poids et le stade physiologique.

1. Le Froid : à surveiller pour les porcelets en Guyane !

Le problème :

Quand il fait trop froid, le porc « brûle » de l’énergie pour se réchauffer. Cela peut aller jusqu’au grelottement, notamment chez le porcelet. La nourriture n’est alors pas utilisée par l’organisme de l’animal pour sa croissance, mais pour conserver sa température corporelle. On perd donc en efficacité alimentaire. L’indice de consommation* augmente alors.

En Guyane, vu les températures, le porc ne subit pas de température en dessous de sa zone de confort SAUF les porcelets jusqu’à un poids de 20kg. En effet durant la nuit, la température descend vers 23°C, et l’humidité monte. Or, à la naissance le porcelet a besoin d’une température minimum de 29-30°C. La température minimale de confort diminue avec le gain de poids de l’animal, et on considère qu’à 20kg, le besoin minimal est de 23°C.

A partir de 20kg, le porc en Guyane ne subit plus la baisse de la température nocturne.

Les pistes d’améliorations :

  • Garder la case sèche ! On voit encore trop de cases de maternité lavées à grande eau régulièrement ! La déperdition de chaleur est augmentée sur un sol et une litière humide.
  • Proposer une litière sèche (paille, foin, copeaux…) aux porcelets où ils pourront s’isoler du froid du béton ou des caillebotis
  • Créer un « nid » : une zone avec un plafond au-dessus de la litière. Le fait de couvrir cette zone diminue les mouvements d’air et le refroidissement qui en découle.
  • Si besoin, installer une lampe chauffante au-dessus de la zone de couchage des porcelets. Il faut régler la hauteur de la lampe selon la température souhaitée, trop haute elle devient inutile, trop basse, la température sera trop forte et les porcelets fuiront la zone. Dans l’idéal on installe un thermostat avec une sonde de température, qui permet d’allumer et d’éteindre la lampe pour atteindre la température cible

La recherche de chaleur incite les porcelets à se blottir contre la truie : cela augmente les risques d’écrasement ! L’idéal est de créer une zone de confort pour les porcelets, inaccessible à la truie : les porcelets se mettent au chaud et au sec pour dormir et sortent pour téter. La truie est ainsi plus tranquille durant les périodes de repos, et on diminue le nombre d’écrasés !

Lutter contre le froid chez le porcelet c’est : une diminution des diarrhées, une augmentation de la prise de colostrum, une diminution du nombre d’écrasés. Au sevrage on a donc des porcelets plus vigoureux, plus lourds et plus nombreux.

Intervalle de confort thermique selon le poids des porcs (Source : IFIP)
Intervalle de confort thermique selon le poids des porcs (Source : IFIP)
Température Guyane

En comparant avec les données météo du 06/09/2021 :

– les porcelets en maternité sont dans leur zone de confort thermique de 9h à 18h

– les charcutiers sont dans leur zone de confort thermique de 01h à 8h

– les truies allaitantes ne sont jamais « à l’aise », mais s’approche du confort thermique de 02h à 07h

2 : Le Chaud : une constante difficile à maîtriser en Guyane !

Le problème :

En Guyane, c’est évident, le froid n’est pas le plus gros problème ! Une fois passés les 30kg, les porcs sont en inconfort dès que le thermomètre dépasse les 28°C. Il cherche alors à se refroidir. Pour cela ils vont chercher les zones les plus fraiches de la case : zone moins exposée au soleil, zone humide, courant d’air. Cela peut engendrer une concurrence pour la recherche de fraicheur ou des zones de courant d’air.

Les animaux qui sont le plus sensibles aux températures élevées sont les truies en fin de gestation et en cours de lactation.

C’est paradoxal quand on sait qu’il faut une température de 30°C pour les porcelets, il faut éviter une température supérieure à 23°C pour les truies (sachant que dans l’idéal, la température ne devrait pas dépasser les 18°C !).

C’est pour cela qu’il est important de créer une zone « chaude » pour les porcelets (nids, litière, lampe…) et essayer de rafraichir les truies (ventilation naturelle, ventilateur…).

L’eau de boisson doit être fournie à volonté à tous les animaux, à tous les stades physiologiques. Il faut porter attention à la température de l’eau ! L’eau provient souvent de cuves placées en plein soleil et les tuyaux d’acheminement sont souvent de couleur noire et posés à même le sol. Une eau trop chaude et de mauvaise qualité diminue les consommations, ce qui peux empêcher les porcs de se désaltérer et entrainer des diarrhées.

Le principal effet de l’augmentation de la température sur une truie en lactation est la diminution de l’appétit. Or, si l’appétit diminue, la truie s’alimente moins et puise dans ses réserves pour fournir le lait à ses porcelets. Ses réserves s’épuisent vite et le lait fini par manquer. C’est un gros problème si on veut sevrer des porcelets de qualités en quantités.

Normalement une truie en lactation devrait pouvoir s’alimenter « à volonté », et monter jusqu’à 7-8kg d’aliment par jour. Or dans les élevages guyanais on voit que ce n’est pas le cas, et que les truies « callent » devant leur auge, faute d’appétit. Elles maigrissent beaucoup jusqu’au sevrage.

Une truie trop maigre au sevrage ne revient pas en chaleur rapidement, ce qui rallonge la durée entre 2 mises bas. De plus une température excessive lors de la saillie diminue les chances de fécondation et de nidation des embryons. Les verrats sont également affectés par la chaleur : baisse de libido, spermatogénèse et qualité de la semences diminuées. Le nombre de porcelets par portée se retrouvent donc amputé dès le début de la gestation !

De fil en aiguille, une température ambiante trop élevée engendre donc un intervalle entre mise bas rallongé, une diminution du nombre de porcelets nés et sevrés et de leur qualité ! L’élevage produit donc moins de porc par an et par truie, et les porcelets ont plus de difficultés au démarrage.

Effet de la température ambiante sur la consommation quotidienne des truies allaitantes et sur le poids au sevrage des porcelets, (Quiniou et Noblet, 1999)

Les porcs à l’engraissement sont également victimes de pertes d’appétit en cas de température excessive. Un porc qui mange moins quotidiennement c’est un porc qui prend plus de temps à atteindre son poids d’abattage, et paradoxalement qui aura mangé plus au cours de sa vie, et donc qui coute plus cher à l’éleveur (l’IC* est plus élevé)

Les pistes d’améliorations :

  • Proposer de l’ombre aux animaux : certains bâtiments sont mal orientés, à certains moments de la journées le soleil peut taper directement sur les animaux. En observant l’exposition des cases vis-à-vis du soleil, il faut alors penser à rallonger la toiture ou installer un filet d’ombrage. De même, les parcelles où sont installés les porcs plein air doivent disposer d’arbre pour éviter l’exposition direct. Les porcs sont sensibles aux coups de soleil ! (Surtout les races roses)
  • Améliorer la ventilation naturelle des bâtiments : même s’il n’y a pas de mur, il est important de concevoir correctement la toiture afin de créer une circulation d’air qui permette de rafraichir les animaux (effet de cheminée). De même il faut éviter les parois de cases trop hautes : il n’y a pas besoin de muret de 1m50 pour éviter que les porcs s’échappent ! Si possible éviter les parois entièrement pleines, pour que l’air circule (grilles, barreaux…).
  • Si cela ne suffit pas, il est possible d’installer des brasseurs d’air ou des ventilateurs, cependant ces solutions restent plus complexes : consommation d’électricité, étude de la circulation de l’air dans le bâtiment. Il faut éviter la création de courant d’air trop fort sur les animaux.
  • Une porcherie entourée d’arbres et de végétation se révèlera plus fraiche qu’une porcherie sans rien autour. Le soleil tapant directement sur les tôles et le béton n’aide pas à rafraichir le bâtiment ! N’hésitez pas à planter des variétés procurant de l’ombre.
  • Lors de la conception du bâtiment, on peut opter pour des caillebotis inox ou fonte sous la truie (cela engendre un effet de fraicheur et un gain ressenti de 2 à 3°C) et des caillebotis plastique pour les porcelets, qui n’ont pas d’influence sur la température ressentie. Encore une fois le zonage chaud-froid, permet que chaque animal soit à l’aise.
  • Dans certains élevages on peut retrouver des auges « piscines » dans lesquelles les animaux peuvent se rafraichir, il faut cependant maintenir l’eau propre pour éviter que les animaux consomment une eau souillée.
  • Dans les régions chaudes on évite d’utiliser de simples tôles pour la couverture des porcheries, on préférera l’utilisation de tôles isolées bien plus chères, mais qui ne transforment pas le bâtiment en four.
  • Avancer la distribution d’aliment tôt le matin (avant 7h, notamment pour les truies), afin de profiter des températures nocturnes plus fraiche

Diminuer la température ressentie par les truies c’est augmenter le nombre de porcelets sevrés par truie sur l’année et leur poids au sevrage ! Chez les porcs charcutiers c’est une amélioration de l’IC et une augmentation du GMQ**.

*Indice de consommation (IC) : Quantité d’aliment utilisée pour produire 1kg de cochon (incluant l’aliment gaspillé)

**Gain Moyen Quotidien (GMQ) : Quantité de poids que prend un animal par jour (nombre de grammes/jour)

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