La reproduction des bovins en Guyane
Projet de recherche appliquée, GO PEI FEADER
Identifier des leviers d’actions innovants pour ameliorer les taux de reproduction et de productivité du cheptel bovins et bubalins Guyanais
La réussite de la reproduction est un levier majeur pour l’amélioration de la filière bovine allaitante en Guyane. En effet, actuellement on atteint difficilement 0,5 veau sevré par an et par femelle reproductrice. De plus, dans de nombreux troupeaux, les génisses ne font leur premier veau qu’à 4 ans, voire plus tardivement. Ce faible taux de fertilité est un problème, d’une part pour disposer d’animaux pour le marché, et d’autre part pour le renouvellement du troupeau reproducteur de chaque élevage.
Les consequences du faible taux de reproduction :
- Manque d’animaux de boucherie : alors que la demande de viande fraîche augmente constamment ces dernières années. La production croît mais ne parvient qu’à maintenir ses parts de marchés. Or, le plan de filière 2030 prévoit quasiment de tripler la production bovine et bubaline guyanaise à la fois au travers de l’amélioration des performances de reproduction mais aussi par la croissance du cheptel et des surfaces fourragères.
- Manque de sevrons à commercialiser : si les éleveurs naisseurs ne sont pas réguliers, il y a alors une difficulté à structurer une filière d’engraissement. Il faut que les naisseurs et les engraisseurs aient une confiance réciproque dans la capacité à fournir et à prendre les sevrons à engraisser.
- Manque de reproductrice à vendre : des difficultés pour renouveler les cheptels de vaches mères performantes (vieillissement du troupeau reproducteur) et pour créer de nouvelles exploitations productives.
- Retard génétique : si l’éleveur manque de reproductrices, il ne fera pas de choix au sein du lot, et gardera donc les animaux de qualité génétique inférieure.
- Utilisation des surfaces peu efficaces : il faut beaucoup de surfaces pour nourrir des vaches qui sont peu productives, alors que ces surfaces pourraient être utilisées plus efficacement par des cheptels mieux conduits et plus productifs.
Malgré tout, certains éleveurs guyanais tirent leur épingle du jeu et obtiennent 0,8 à 0,9 veau par vache et par an. Il est alors primordial de comprendre les freins qui empêchent la majorité des éleveurs de progresser du côté de leur atelier naisseur et d’améliorer leurs performances afin d’atteindre de tels résultats de reproduction.
Etiologie de l’infertilité :
L’étiologie de l’infertilité est complexe, de type multifactoriel, et potentiellement variable d’un élevage à un autre ou d’un animal à l’autre. Les déterminants de l’infertilité des vaches allaitantes sont nombreux et ne se limitent pas aux seuls aspects sanitaires.
Des facteurs nutritionnels importants :
De nombreuses études antérieures sur l’infertilité des bovins laitiers ou allaitants, menées en zones tempérées ou tropicales, ont montré qu’un accent particulier devrait être porté sur les facteurs nutritionnels.
Autres contraintes :
D’autres contraintes pourraient également avoir des conséquences sur la reproduction, comme la pénurie de génisses de remplacement et le vieillissement du troupeau reproducteur. Au total, l’étude des facteurs étiologiques de l’infertilité nécessite souvent la collecte d’informations en élevage et la mise en œuvre d’une démarche globale permettant d’intégrer au schéma explicatif l’ensemble des facteurs soupçonnés d’avoir un impact potentiel sur les performances de reproduction, à l’échelle du troupeau (déséquilibres nutritionnels, production, pathologie, alimentation).
Il est dès lors intéressant de se pencher sur plusieurs aspects de l’élevage naisseur afin de comprendre les principales difficultés qui engendrent les problèmes de fertilité des troupeaux reproducteurs guyanais. Cet objectif doit tenir compte des actions déjà menées et capitaliser l’existant (Chambre d’agriculture, IKARE, Réseaux de fermes de références, CIRAD…) :
- Gestion du troupeau reproducteur : quelles sont les pratiques des éleveurs dans la conduite de leurs lots : vêlages étalés, conduite en lots, nombre de vache par taureaux, état des taureaux, âge moyen des animaux, pratiques de sevrage, mise à la reproduction des génisses, réforme des vaches et taureaux, surveillance des animaux…
- Alimentation : gestion des ressources fourragères, qualité des prairies, complémentation en fourrages et en concentrés, apport de minéraux et de vitamines, gestion des périodes « difficiles » (sècheresse et inondation) …
- Sanitaire : gestion des maladies, prévention, détection, soin…
Il est également intéressant d’étudier et de corréler les résultats de reproduction de chaque éleveur en individuel et en collectif en mettant en relation différents critères techniques étudiés, des analyses de données des élevages (BDNI) et les informations obtenues à dires d’éleveurs sur les modes de conduite de l’exploitation. Il s’agit dès lors de caractériser finement le problème d’infertilité du troupeau guyanais.
Ce projet, pratique, s’appuiera donc sur différentes méthodes :
- → Exploitation fine de la BDNI pour les élevages livrant aux abattoirs de Guyane (ils représentent 90% des cheptels et 100% de la viande guyanaise commercialisée) et identification des éleveurs présentant une infertilité correcte ou médiocre ;
- → Enquêtes terrain auprès de 60 à 80 éleveurs permettant de caractériser leurs pratiques au regard des indicateurs de performances individuelles et collectives des systèmes élevages : âge au premier vêlage moyen sur les génisses reproductrices, âge moyen de réforme, taux de vêlage, IVV moyen. Ces enquêtes doivent être systémiques et s’intéresser aux pratiques d’élevage, : alimentation, conduite des surfaces fourragères pour le troupeau reproducteur, gestion de la reproduction, conduite sanitaire et prophylactique…. La dimension économique est également primordiale sur cette phase d’enquêtes.
- → Notation de l’état corporel de l’ensemble des cheptels enquêtées à mettre en corrélation avec les pratiques et les résultats individuels de l’éleveur en matière de performances de reproduction. Ce point pourrait permettre d’aboutir de façon concrète à une surveillance de l’état d’alimentation des vaches au travers des notes d’état corporel des reproducteurs et futurs reproducteurs, en fonction de leur stade physiologique.
- → Reprise des poids et des notations carcasses des réformes sur plusieurs années en relation avec leur date de dernier vêlage/sevrage.
- → Etablissement des profils métaboliques sur un échantillon cible du cheptel reproducteur pour identifier d’éventuelles carences en minéraux tout en capitalisant les données existantes en la matière.